Les cas qui suivent sont génériques, et visent à réfléchir à l’éthique en pratique. Ils n’attendent pas une seule réponse, et sont problématiques pour cette raison. Ils peuvent confronter des valeurs, des normes, des pratiques, des devoirs. Pour y réfléchir, plusieurs options sont possibles (ou toutes, et la liste n’est pas restrictive) :
- Considération du cas en fonction des différents raisonnements moraux (conséquentialisme, déontologisme, vertuisme, « déontologisme tempéré » (Prairat);
- Réflexion autour du cas pratique selon la technique des « chaises musicales morales » (Kohlberg), qui suppose de prendre successivement le point de vue de chacun des protagonistes ;
- Avancée dans les solutions en fonction, successivement, des trois niveaux d’agir enseignant : ce que dit la loi et le cadre de l’école ; ce que dit la déontologie et les devoirs professionnels ; ce que dirait un comportement éthique. Certains cas sont traités dès le premier niveau, d’autres nécessitent que l’on aille jusqu’au troisième niveau (par exemple) ;
- Imagination de scénarios alternatifs avec leur analyse (ce que la recherche appelle des « contrefactuels »)
- Enfin, moins souvent considérée mais parfois cruciale selon les cas, le croisement avec la pédagogie : comment la pédagogie peut-elle aider à résoudre ces cas ?
D’autres techniques sont possibles (carte mentale, par exemple). Dans tous les cas, l’analyse rigoureuse est nécessaire. Merci aux étudiantes et étudiantes qui aident à alimenter cette rubrique. Bonne réflexion!
De la fatigue en classe…
Merci à Sonia, Cristina, Noémi et Laura pour ce cas.
Maxime a 9 ans, et est en CM1. Guilia, l’enseignante, remarque qu’il est souvent fatigué en classe, qu’il a des difficultés à être attentif et à se concentrer. Maxime est sérieux et volontaire, mais peine à avancer, notamment en français. En faisant ses propres recherches et en discutant prudemment avec Maxime, Giulia comprend qu’il se couche souvent très tard, restant regarder la télévision avec ses parents ou jouant sur sa tablette.
La sœur de Maxime, Chloé, est en CE1. Giulia décide d’en parler avec Marinette, l’enseignante de CE1. Cette dernière lui apprend que Chloé présente la même fatigue. Par contre, si Giulia souhaite faire quelque chose, Marinette, pour sa part, pense que les parents sont libres d’éduquer leurs enfants comme bon leur semble, et que les enseignants n’ont pas à intervenir sur ce point.
De manière générale, les parents de Maxime et Chloé sont assez peu visibles à l’école, et peu engagés dans la relation et le dialogue avec les enseignants.
Giulia s’interroge vraiment. Doit-elle demander un rendez-vous avec les parents ? Est-elle légitime à leur promulguer des conseils, et si oui comment pourrait-elle s’y prendre ?
Quelques pistes de réflexion : la légitimité des enseignants sur le rythme de vie d’une famille / le droit des enfants / les besoins des enfants (sommeil notamment, hygiène de vie, exposition aux écrans) / la frontière entre famille et école / la coéducation et ses formes (communication, missions respectives)